Le 17 août 1792, une semaine après
la prise du palais des Tuileries et la fin de la monarchie, un décret de
l’Assemblée révolutionnaire sonne le glas de la vie monastique en
France. Toutes les abbayes devront être définitivement évacuées avant
le 1er novembre !
Dans un pays menacé par l’invasion étrangère, la Révolution se
radicalise et assimile les derniers religieux à des contre-révolutionnaires.
Depuis plusieurs mois cependant, des
centaines d’abbayes en France ont déjà vu partir leurs moines et leurs
religieuses. C’était l’aboutissement des mesures prises à
l’automne 1789 et du formidable bouleversement que représente la décision
de mettre les biens du clergé à la disposition de la Nation (décret du
2 novembre 1789).
Changement de propriétaires pour les
terres et les bâtiments, changement de vie pour la plupart des
religieux…
L’histoire de l’abbaye de Vauclair
de 1789 à 1792 n’est ni unique, ni exemplaire. Précisons toutefois
qu’ici, bien des points demeurent obscurs, sinon conjecturaux. On
regrette l’absence d’une improbable chronique qu’un moine de
Vauclair, renouant avec la tradition médiévale, aurait tenue, jour après
jour, tout au long de ces trois années qui ont vu naître la France
d’aujourd’hui avec ses cortèges de visiteurs et de touristes prenant
le temps des vacances pour découvrir les ruines d’une abbaye
disparue…
Vauclair en 1789
Fondée en 1134, Vauclair est l’une
des 36 abbayes qui existent en 1789 dans l’étendue de l’actuel département
de l’Aisne. Comme Foigny, Bohéries et Longpont, elle obéit à la règle
cistercienne ou bernardine comme l’on dit plutôt à l’époque.
Sous l’autorité d’un père abbé
de 57 ans, Jacques Bricart, vivent une quinzaine de religieux. Le plus âgé
a 66 ans, il a prononcé ses vœux en 1743. Le plus jeune, Henri Gilles a
32 ans. Il est le dernier à avoir prononcé ses vœux, signe d’une
incontestable crise de recrutement qui touche toutes les abbayes
d’hommes à la veille de la Révolution.
Pourtant, Vauclair attire encore
au-delà des limites du diocèse de Laon : on sait que trois moines
au moins sont originaires d’autres régions.
Selon un inventaire de février 1790,
les religieux « occupent seize cellules qui sont meublées très
modestement, n’ayant qu’un lit fort simple, une armoire, une table et
deux ou trois chaises ».
Le nombre – relativement réduit –
de moines vivant à Vauclair est loin d’être une exception. A Laon,
l’abbaye de Saint-Martin abrite 16 religieux prémontés en 1789, celle
de Saint-Vincent 11 bénédictins seulement. En revanche, l’abbaye de
Vauclair est l’une des rares à ne pas passée sous le régime de la
commende : elle a un abbé régulier qui réside sur place.
Le domaine de Vauclair a été pour
l’essentiel constitué au 12e siècle, au moment de la
fondation de l’abbaye. Il comprend au total plus de 4000 hectares (3560
hectares de terres labourables, 580 hectares de bois, 33 hectares de
vignes et 72 hectares de prés). Ces biens sont répartis sur 22 communes :
Vauclair – La Vallée-Foulon (710 hectares d’un seul tenant), Oulches,
Paissy, Ailles, Cerny, Bouconville, Chermizy, Craonnelle, Bièvres, Cuiry
et Chaudardes, Berrieux, Asfeld, La Malmaison, Nizy le Comte, Sissonne,
Amifontaine, Saint-Erme, Montaigu, Pontavert, La ville aux bois, Moulins,
Bruyères. Enfin, l’abbaye possède deux maisons à Laon, rue du Val des
Ecoliers : c’est l’ancien refuge abbatial à l’abri des
remparts de la ville.
L’abbaye possède 9 fermes louées
à des fermiers par des baux de 9 ans mais à l’exception des fermes
d’Hurtebise et de la Pêcherie, il s’agit « de mauvaises terres
difficiles à cultiver et demandant beaucoup de semences pour produire une
petite récolte », comme il est dit pour la ferme de joffrécourt
sur le terroir de Sissonne.
Il n’est pas facile de connaître
avec précision le montant des revenus de l’abbaye. Selon les sources,
les chiffres varient entre 32 000 livres (inventaire des biens de Vauclair
du 6 février 1790) à 47 000 livres (estimation moyenne pour les années
1783 à 1790 faite par l’administration du district). De toute façon,
il s’agit de revenus considérables, comparable à ceux de l’abbaye de
Saint-Vincent de Laon (44 000 livres) mais pourtant inférieurs à ceux de
l’abbaye Saint-Martin (70 000).
L’abbaye est aussi un centre de
culture intellectuelle. Dans sa bibliothèque, selon un inventaire de
janvier 1790, on trouve 6069 volumes, sans compter les livres classiques,
les gazettes, des journaux et autres ouvrages périodiques. Il est aussi
précisé que « le vestibule de la bibliothèque contient aussi
environ deux cents manuscrits dont la plupart sont fort beaux et très
bien écrits ».
La
vente des biens de l’abbaye
Déjà envisagée avant la Révolution
dans plusieurs cahiers de doléances, la vente des biens de l’Eglise
s’est rapidement imposée comme la solution aux problèmes financiers du
Royaume.
L’Assemblée constituante, dans sa séance
du 2 novembre 1789, adopte, à une très forte majorité (568 voix pour,
346 voix contre et 40 abstention) le décret qui met « à la
disposition de la nation » tous les biens ecclésiastiques.
Plus d’un an s’écoule avant que
ne commencent les premières ventes. Commune par commune, abbaye par
abbaye, les autorités ont d’abord dû dresser un inventaire des biens
confisqués.
Après estimation de leur valeur,
l’administration du district (notre arrondissement actuel) procède
ensuite à un premier affichage des lots à vendre, suivi de la première
séance d’enchères généralement peu animée, qui permet de fixer la
base de l’adjudication définitive.
Seconde publication et nouvelle séance
d’enchères, souvent houleuse et disputée, au terme de laquelle
l’acquéreur définitif ne paye que 12% pour les terres (20% pour les
maisons), le solde étant payable en 12 annuités avec intérêt de 5%.
Exceptionnelles conditions qui ne s’expliquent que par la crainte où était
l’Assemblée nationale de ne pas trouver facilement d’acquéreurs !…
Les ventes se déroulant au chef-lieu
du district (à Laon pour les biens de l’abbaye de Vauclair), les
villageois n’hésitent pas, le cas échéant, à faire plus de vingt
kilomètres en charrette, peut-être à pied pour y assister. A plusieurs
reprises, ont voit les manouvriers de la Vallée-Foulon intervenir dans
les ventes, même en juin – juillet, en pleine période de travaux
agricole.
Pour les biens de l’abbaye de
Vauclair, la première vente se déroule le 13 janvier 1791 : elle
concerne une terre de 109 arpents (50 hectares environ) sur le terroir
d’Amifontaine.
La dernière vente a lieu le 30
juillet 1793 : il s’agit de plusieurs pièces de terre et de prés
à Craonnelle. En une quarantaine d’adjudications, la totalité du
domaine appartenant à l’abbaye est vendue, à l’exception des bois
qui constituent aujourd’hui, en partie, l’actuelle forêt domaniale de
Vauclair.
Dans la moitié des cas environs, les
acquéreurs des fermes de l’ancienne abbaye sont les anciens fermiers
eux-mêmes. C’est ce qui se passe par exemple pour les fermes de
Robertchamp ou du Moulin de Bas. Dans les autres cas, on peut parler
d’opérations financières menées par les habitants des villes
voisines. Le 13 février 1791, la ferme de la Pêcherie à Pontavert, la
plus belles des anciennes propriétés de l’abbaye (elle raporte 2000
livres par an), est ainsi achetée pour le prix de 68000 livres par un
professeur de droit de la faculté de Reims, François Lemercier. Les
trois fermes de Mouchery (600 hectares environ) sur le terroir de Nizy le
Comte, puis l’une des deux fermes de Frontigny (commune de Malmaison)
sont acquises au printemps 1791 par un officier du régiment des dragons
de la Reine en garnison à Laon, Gabriel-Jean d’Hanmer-Claybroke. En
trois mois, celui-ci aura donc acquis 800 hectares au total pour 54000
livres. Comme la loi le lui permet, il ne débourse dans un premier temps
que 6500 livres (12% du montant).
Il semble bien que les premiers acquéreurs,
pour les fermes tout au moins, ont assez rapidement revendu. L’immense
ferme de Robertchamp, par exemple, est devenue sous la Restauration la
propriété d’une famille de noblesse de robe de … la Lozère avant
d’être revendue en 1893 à la sucrerie de Saint-Germainmont. Mais il
faudrait poursuivre l’enquête pour les autres fermes.
La vente des bâtiments de l’abbaye
est d’abord annoncée pour le 9 mai 1791, mais elle doit être ajournée
à la suite d’une contestation portant sur le contenu de l’affiche.
Une première vente a lieu le 9 juillet : un groupe d’habitants de
Presles, d’Oulches et de Corbeny se portent acquéreurs mais la plupart
n’étant pas solvables, la vente est reportée une nouvelle fois.
C’est donc le 28 juillet 1791 qu’a
lieu finalement la vente des bâtiments abbatiaux. Mise à prix à 50000
livres, l’abbaye est emportée à 80900 par un groupe de sept personnes
qui obtient la préférence, comme la loi le permet, à la condition de
diviser le lot, contre un habitant de Craonne, de Bertonvalle. Les acquéreurs
sont cinq habitants de Vailly sur Aisne (Gabriel Floquet bourgeois et
Nicolas Floquet marchand, Nicolas Brizart aubergiste, Jean Michel Folliart
distillateur, Claude Delan taillandier) et deux habitants d’Ardon :
Jean Louis Turpin laboureur et Louis Robert maréchal-ferrand.
Après partage, l’abbaye est donc
transformé en un véritable petit village composé de quatre maisons et
de deux fermes. Jusqu’à la guerre de 1914, ce hameau dépend
administrativement de la commune de Vauclair – La Vallée-Foulon.
La
naissance de la commune de Vauclair – La vallée – foulon
Au delà des murs de l’enclos
abbatial (18 hectares), à cheval sur le plateau du Chemin des Dames, s’étend
avant la Révolution le domaine privé de l’abbaye qui comprend une forêt
de presque 300 hectares, un moulin à vent, deux moulins à eau, les deux
fermes d’Hurtebise et du Moulin de Bas, deux maisons au lieudit La
Creutte et 24 maisons à la Vallée – Foulon.
L’abbaye possède les droits de
haute, moyenne et basse justice ainsi que les autres droits seigneuriaux.
Pour les services de l’abbaye, une
quinzaine de domestiques, hommes et femmes, pour la plupart célibataires
et non imposables habitent Vauclair. Pour cultiver la petite vindtaine
d’hectares de vignes exposées au sud, l’abbaye emploie 21 ouvriers
vignerons. Tous, ainsi que le berger et le garde-bois, sont logés
gratuitement par l’abbaye à la Vallée-Foulon et disposent d’un petit
jardin et de 6 à 7 verges de chennevières au lieudit « derrière
l’étang du coqueron ».
S’il existe une paroisse desservie
par un religieux de l’abbaye, une municipalité n’est pas mentionnée
à Vauclair – La Vallée – Foulon avant l’édit de 1787 qui les rend
obligatoires dans tous le Royaume. Cette municipalité comprend en 1789
les sieurs Lapy (laboureur, fermier d’Hurtebise), Delamotte
(laboureur et meunier), Dubuf ( maître vigneron). Le secrétaire-greffier
est Jean-Pierre Boulanger, par ailleurs maître d’école également logé
et payé par l’abbaye.
C’est donc dans un contexte bien
particulier qu’est rédigé le 8 mars 1789, sous le contrôle de Charles
Louis Dequin, notaire officiel de l’abbaye et lieutenant de la justice
de Vauclair, le cahier de doléances de la communauté paroissiale.
Ce cahier est unique dans le département.
Les habitants y déclarent en effet «qu’ils n’ont aucune plainte à
formuler et qu’ils s’en rapportent en tout à ce qu’il plaira au Roi
et à la Nation de régler pour le bien général de l’Etat et celui des
particuliers… . Ce sentiment est-il vraiment sincère ou ne fait-il que
traduire l’étroite dépendance des habitants vis-à-vis de l’abbaye ?
A l’opposé, le cahier de doléances de la paroisse voisine de
Bouconville va jusqu’à réclamer, dans son article 8 « une réunion
des maisons religieuses » et la vente des biens de celles qui seront
vacantes « pour acquitter la dette nationale »…
La dépendance apparaît en tout cas
très fortement au moment où la fermeture de l’abbaye est décidée. Le
commissaire du district de Laon constate le 13 décembre 1790 que les
habitants de la Vallée-Foulon « ne trouvaient de subsistance que
dans les services et les travaux que leur procurait cette abbaye »
et qu’on ne peut maintenir cette commune qu’en donnant à ses
habitants « les moyens de se fixer ». Il propose alors que les
maisons leurs soient louées provisoirement (jusqu’à leur mise en vente
définitive) par l’administration, avec une vache du cheptel abbatial et
un petit bout de terrain. Quand aux anciens domestiques de l’abbaye, ils
recevront, pour la plupart, tout comme les anciens religieux, une petite
pension de la Nation en 1791 ou 1792.
On a au moment de la vente des maisons
de la Vallée-Foulon en 1792 quelques précisions sur l’aspect du
village à l’époque. Sur 24 maisons, 15 sont couvertes en tuiles et 9
en chaume. 11 sont constituées de deux pièces seulement, 3 d’une pièce
unique. La plupart n’ont pas de four à pain, puisqu’il existe un four
commun à 13 d’entre elles.
Les maisons de la Vallée-Foulon sont
vendues en trois lots les 2 juin 1792 (10 maisons), 20 juin (7 maisons),
et 23 juillet (7 maisons). Notons qu’à ce moment, la France vit dans
l’angoisse de l’invasion étrangère (la Patrie est proclamée en
danger le 11 juillet) et qu’à Paris, l’émeute gronde contre la
monarchie… Dans la plupart des
cas, les maisons sont achetées par des habitants de la Vallée-Foulon,
seuls ou en association comme le permet la loi.
Les prix varient de 155 livres pour
une maison de deux pièces couvertes en paille à plus de 650 livres pour
une maison de trois pièces couvertes de tuiles.
La municipalité établie le 8
frimaire an II (28 novembre 1793) traduit la nouvelle réalité sociale
après la vente des biens nationaux. Elle se compose des citoyens Robert
(maire), Lamand (procureur), Chotin (notable) et Bernier (greffier). Les
deux premiers sont de nouveaux habitants qui ont acheté des biens
nationaux sur le terroir ; Louis Robert, ancien maréchal-ferrand à
Ardon, est l’un des acquéreurs des bâtiments abbatiaux. Jean Bernier
est l’ancien garde-bois de l’abbaye devenu garde des bois nationaux.
En 1884, la commune de Vauclair - La Vallée-Foulon
n’a toujours pas de mairie ou de maison commune. Le conseil municipal se
réunit dans la maison du maire en fonctions.
L’ensemble du village est détruit
en 1917 – 1918. La commune de Vauclair – La Vallée-Foulon est supprimée
en 1921. Son terroir est partagé depuis entre Oulches et Bouconville.
La
communauté religieuse dans la révolution
Alors qu’en mars 1789, au moment des
élections aux Etats généraux, il avait participé à l’assemblée du
clergé de Vermandois, l’abbé Bricart est remplacé avant la fin de
l’année par l’abbé Goubeaux dans des circonstances qui n’ont pu pour
l’instant être élucidées. Ce changement est-il à mettre en relation
avec les événements qui bouleversent la vie des abbayes à l’automne
1789 ?
A partir de novembre 1789, l’abbaye
qui a dû vendre une partie de son argenterie pour acquitter la contribution
patriotique, se trouve placée sous tutelle. Sa gestion est contrôlée par
les autorités civiles. Le Directoire du district s’efforce de faire
rentrer les créances dues à l’abbaye, ce qui provoque de nombreuses réclamations ;
il choisit la modération pour éviter que les créanciers ne regrettent
l’ordre ancien…
Le décret de février 1790 qui supprime
les vœux monastiques prévoit aussi le maintien de quelques abbayes pour
accueillir les religieux qui souhaitent toujours vivre en communauté. Malgré
une pétition faite en ce sens pour Vauclair par les municipalités voisines
(5 juillet 1790), la fermeture de l’abbaye est décidée.
Dès le 11 octobre 1790, deux religieux
demandent à quitter l’abbaye pour retourner dans leurs familles
respectives. Début janvier 1791, il n’y a plus que 12 religieux qui désignent
l’un d’entre eux pour indiquer, comme la loi les y oblige, les lieux où
ils comptent se retirer (malheureusement ce document n’a pas été retrouvé).
Le 11 février 1791, les 12 religieux
restés à Vauclair reçoivent le premier quart de la pension que leur verse
désormais l’Etat (6000 livres par an pour l’abbé, 900 ou 1000 livres
pour un religieux). Les deux religieux qui sont aussi curés d’Ailles et
de Vauclair perçoivent à la fois leur traitement de curé et ma moitié de
la pension.
C’est fin février 1791 que l’abbaye
est complètement évacuée. Un gardien des bâtiments est nommé et payé
par l’administration. Les manuscrits et les volumes de la bibliothèque
sont transférés à Laon en avril 1791. Les bâtiments abbatiaux sont
vendus le 28 juillet 1791.
En l’état actuel des recherches, il
est impossible de connaître le devenir de chacun des membres de la
communauté de Vauclair après la fermeture de l’abbaye.
On perd rapidement la trace des
responsables de l’abbaye. L’abbé Goubeaux a été accusé en novembre
1790 par le district de Reims de détournement de 6000 livres qu’il avait
déposés chez un chanoine de la ville. Cette somme qui avait été saisie
en février 1791 est restituée à Goubeaux par ordre du Roi le 24 février
1792. Quand au prieur Dom Jacquemart, le district de Laon lui accorde en
juillet 1791 un secours de 400 livres pour aller prendre les eaux à
Bourbonne (Haute-Marne)…
Plusieurs religieux ont profité de la
suspension des vœux décidée par l’Assemblée pour rentrer dans leurs
familles (deux demandes signées ont été retrouvées). D’autres sont
devenus curés.
Six ex-religieux desservent ainsi après
1791 des paroisses plus ou moins voisines de leur ancienne abbaye :
Vauclair et Ailles déjà desservies avant la Révolution, mais aussi
Neuville sur Ailette, Cerny en Laonnois, Bourg et Comin, Coucy les Eppes.
Ceux-là au moins appartiennent au clergé constitutionnel favorable à la Révolution
(trois serments ont d’ailleurs été retrouvés). Plusieurs sont même
nommés en remplacement de curés démissionnaires ou même destitués par
les autorités pour non acceptation de la constitution civile du clergé.
Le destin de trois d’entre eux
seulement nous est complètement connu. Thomas Regnault, qui a desservi
depuis 1780 la cure de Vauclair au moins jusqu’en 1793, est décédé à
Vauclair le 12 prairial an IV (30 mai 1796) : l’acte de décès porte
la mention « ci-devant religieux de Vauclair ». Antoine Belot,
est toujours curé d’Ailles (cure qu’il dessert depuis 1782) quand il
meurt dans cette commune le 14 décembre 1807. Quand à Charles-François
Frion, nommé curé de Neuville en 1791, il dépose vraisemblablement ses
lettres de prêtrise au moment de la déchristianisation en 1793 et il
devient alors officier public, puis agent national. Il est encore adjoint au
maire d’Ailles en 1805. Il meurt à Ailles le 30 novembre 1811.
Entre-temps, il s’est marié, épousant Marie-Jeanne Béguin…
Dans leur relative diversité, ces trois
destins individuels sont-ils représentatifs de ceux des hommes qui,
plusieurs années auparavant, avaient choisi de vouer leur vie à Dieu au
fond du vallon de Vauclair ?
Guy PLUCHART et
Guy MARIVAL